Des nouvelles des jumeaux: 5 mois!


For my English readers: this is a 5-month update on the twins with a picture gallery at the end. Enjoy!

Les jumeaux viennent d’avoir 5 mois et c’est le moment de vous donner des nouvelles. J’ai essayé de faire une session photo de 5 mois mais les bébés grouillaient tellement que… vous verrez en allant voir la galerie ci-dessous. J’ai pensé qu’une série de photos manquées raconterait mieux l’histoire que les 2 ou 3 photos plus ou moins réussies!

Qu’est-ce qui se passe dans la vie de cirque? Nous avons combattu plusieurs virus et quelques bactéries. Ma fille de 3 ans a terminé la garderie et est de retour à temps plein avec maman. Évidemment, avoir une petite dynamo avec moi a causé sa part d’adaptation. Je dois redécouvrir mes repères de mère au foyer et en découvrir de nouveaux: quoi faire pendant la journée avec trois enfants de 3 ans et moins? Comment faire les courses? Comment faire le ménage? Les repas? Je regrette de vous annoncer que cette mère de 8 enfants n’a aucune solution miracle pour vous: je m’occupe de ce qui crie le plus fort, que ce soit un enfant, un frigo sans lait, des livres de biblio en retard ou un plancher plein de traces de pas. J’ai quelques trucs de survie, par exemple ma mère vient chez moi une fois par semaine pour m’aider à faire l’épicerie. C’est une belle occasion de joindre l’utile au nécessaire et à l’agréable. Ma belle-mère rempli régulièrement mon congélateur et je n’ai à faire le souper que si je le désire.

Au niveau du sommeil, je continue — certains pourraient penser “en vain” — ma quête d’une meilleure nuit avec les jumeaux. Il n’y a pas beaucoup de progrès au niveau du sommeil de nuit mais j’ai forcé certains changements au niveau des siestes. J’ai remarqué quand Lucas avait 4 mois qu’il s’endormait souvent en chignant dans son siège d’auto en attendant nos départs. C’était un petit pleur pas très convainquant, sans larmes, et de courte durée. J’ai donc commencé à le laisser s’endormir seul pour sa sieste du matin et son dodo de la nuit. Il chigne pendant 5 à 15 minutes et s’endort. Parfois il ne pleure pas du tout mais si son pleur se change en pleur à fendre l’âme, je vais le voir pour le calmer, soit en l’allaitant… soit en l’allaitant finalement. Garder Sarah à la maison m’a permis de mettre l’emphase sur l’établissement d’une routine de sieste du matin (puisque je n’ai plus besoin de sortir le matin). Maintenant que la sieste du matin et le dodo du soir sont bien établis, je me mets à la sieste de l’après-midi. Il semble que Lucas soit beaucoup plus éveillé l’après-midi et a du mal à se calmer assez pour dormir. Jusqu’à présent, je me suis rabattu sur la balançoire pour l’après-midi mais je commence à coucher Lucas dans son lit. J’ai aussi acheté une machine qui fait du bruit de fond (white noise) et ç’a beaucoup aidé.

Puisque Lucas allait pleurer un peu, j’ai décidé de faire d’une pierre deux coups et de me débarrasser des sucettes. Mission accomplie sans trop de douleur: 4-5 mois est une bonne fenêtre pour le faire. Les bébés ont assez de dextérité pour trouver leurs doigts s’ils en ont besoin, ils n’ont plus autant besoin d’être emmaillotés (quoique mes petits le sont encore mais avec un bras qui dépasse) et ils ne sont pas encore attachés à leur sucette. Je me sers de la sucette à l’occasion lorsqu’ils sont en voiture.

En bref, mes bébés se réveillent encore au moins deux fois par nuit chacun, c’est-à-dire aux 3 heures maximum. J’allaite le premier qui se réveille puis le deuxième a un biberon. Au prochain réveil, j’alterne. Les nuits sont encore intenses puisque la toux de Lucas ne s’améliore pas: nous devons nous lever pour aspirer ses sécrétions et l’aider à tousser au moins une fois par nuit. Mais au moins il est capable de s’endormir seul pour autant qu’il soit bien nourri!

Notre routine quotidienne est donc structurée autour des siestes et d’une tentative de sortie s’il fait beau dehors. Et le ménage dans tout ça? Une amie me demandait si nous avions une femme de ménage ce à quoi j’ai répondu “Non” et elle a ajouté “Donc vous le faites vous-mêmes?” En fait, nous ne le faisons pas nous même! Il fait beau dehors donc nous sortons. Bonne journée à tous!

Amitiés


Tout plein de cœurs à la cannelle à tous nos amis!

For my English readers: This post is about friendships and the things we give-up when we become parents.

Prendre la décision d’avoir des enfants, c’est décider de s’excuser de l’avant-plan, de donner la priorité, de céder le passage. Certains parents ne l’apprennent jamais. D’autres l’apprennent presque par accident. Vous seriez surpris par le nombre de personnes qui me disent:

   J’ai arrêté à 2. Je suis trop égoïste pour en avoir plus.

J’ai toujours trouvé ça triste. Intuitivement, on a tendance à penser que ceux qui l’admettent ont l’honnêteté de reconnaître leurs limites. Après tout, combien d’enfances malheureuses ont été causées par des parents égoïstes incapable de reconnaître leur inhabilité à faire passer leurs enfants avant eux-mêmes? Et pourtant, n’y a-t-il pas quelque chose d’extrêmement triste en cette fierté d’être égoïste, en cette absence de gêne? Comme si l’égoïsme devrait être la norme et le don de soi l’exception. Comme s’il n’y avait aucune valeur à tenter de surmonter nos faiblesses, de grandir au-delà de nos limites? Dans le fond, ne sommes-nous tous pas trop égoïstes de nature? Je le suis et je l’admets. Mais plutôt que de me complaire dans mon inhabilité de faire passer les autres devant moi, j’ai choisi d’ajouter plus “d’autres” dans ma vie, jusqu’au point où faire passer les autres est devenu plus simple que de tenter de me faire passer en premier.

Enfin, ce post n’est pas au sujet de ma supériorité morale — croyez-moi, il n’en est rien! — mais plutôt au sujet de ce que l’on abandonne au profit de nos enfants. Pour le meilleur et pour le pire.

Au cours des vacances de Noël, mon très talentueux frère s’est mis au pain et m’a demandé si je faisais toujours mon pain. “Ha! Ha!” ai-je répondu, “Ça c’était jusqu’au quatrième enfant!” Ça m’a fait réfléchir sur mon parcours de mère et les choses qui étaient tombées en cours de route. Par exemple, j’ai tué une plante verte pour chaque nouveau-né et depuis la naissance des jumeaux j’ai perdu la toute dernière. Les couches de coton n’ont pas survécu au quatrième enfant. J’ai abandonné mon hobby d’aquarium avec plantes vivantes après le cinquième. J’ai fait de la musique jusqu’à six enfants et ma guitare ramasse maintenant la poussière. J’ai fait mon pain jusqu’au troisième. Et ainsi de suite.

Puis il y a aussi toute sorte de choses que nous faisions entre familles jusqu’à ce que le train de vie effréné prenne le dessus. Le camping d’hiver dans un refuge, commencé comme activité père/enfants et qui a évolué pour inclure les mamans qui ne voulaient pas rester en arrière. Les partys d’igloo l’hiver, de cueillette de pommes l’automne et de n’importe quoi l’été, autant d’excuses pour inviter autant d’amis que possible et faire la fête. Les brunchs entre amis. Les randonnées en forêt. Les voyages d’un jour à Kingston ou à Montréal.

Aujourd’hui, nous arrivons au vendredi soir la langue à terre sans aucun désir de sortir. La maison en foutoir trahi les sorties en coup de vent entre deux activités. La fin de semaine passe en clin d’oeuil entre la gymnastique des uns, le travail des autres, les devoirs et le ménage. Dimanche soir se pointe le bout du nez et soudainement, le tapis roulant de la semaine reprend de l’élan. Semaine après semaine, mois après mois et, maintenant, année après année. Et tout d’un coup, je réalise que je n’ai jamais rencontré les plus jeunes enfants de certaines de mes plus anciennes amies. Ma vie sociale se déroule en mise-à-jour sur Facebook. Je n’appelle plus personne, à quoi ça sert? Je suis interrompue au bout de 30 secondes. Plus personne ne m’appelle et je me demande s’ils ont tout simplement abandonné ou si nous sommes toutes dans le même bateau.

Je n’ai presqu’aucun regret d’avoir eu à abandonner ceci ou celà au fil grandissant de ma famille.  Mais je m’ennuie de mes amies. De celles que je ne vois plus, de celles que je ne vois que rarement et de celles que je ne vois que superficiellement entre deux Latte avec les enfants qui attendent impatiemment. Je suis à la fois reconnaissante et embêtée par Facebook et ses amitiés faciles. Je sais qu’un jour les enfants seront grands et que nous auront à nouveau le temps de sortir et de recevoir. J’espère qu’il y aura encore du monde à voir à l’autre bout du tunnel.

“famille nombreuse de 7 enfants dans maison trop petite”


For my English readers: this blog post was inspired by a search engine term that landed someone on vie de cirque.com. It means “large family with 7 children in house too small.”In this post I reveal my husband’s house design hobby and our quest to design the smallest most energy efficient home for a family of 10.

Je reçois quotidiennement un sommaire des termes de moteur de recherche (Google, Yahoo!) utilisés par les visiteurs de mon blogue. Alors que mon blogue gagne du momentum — et que je développe l’habilité d’utiliser les bons “tags” pour décrire mes publications — de plus en plus de visiteurs trouve mon blogue en faisant ne recherche Internet. La recherche la plus fréquente? Gaufres belges. Bref, vous seriez surpris des recherches que les gens font (c’est Internet après tout!). Récemment, quelqu’un a visité Vie de cirque suite à une recherche des termes “Famille nombreuse de 7 enfants dans maison trop petite.” Ça m’a inspiré.

Je dois dire tout de suite que je ne vis pas dans une maison trop petite avec ma famille nombreuse. En faits, je vis dans une maison trop grande et je rêve de concevoir et de construire la plus petite maison pouvant être confortablement habitée par une famille de 10. Mon mari, qui a un hobby de design, nous a tricoté un modèle de 1 300 pi. ca. inspiré des idées de Sarah Susanka, architecte et auteure du livre The Not So Big House: A Blueprint fot the Way We Really Live. Je ne doute pas qu’il soit possible de vivre dans une maison trop petite avec 7 enfants. Cependant, ce n’est pas l’espace qui manque dans les maisons nord-américaines, c’est l’espace intelligemment pensé.

Ça m’a rappelé une conversation avec une amie, il y a quelques années, lorsqu’elle et son mari ont acheté une maison en banlieue d’Ottawa. Sachant qu’ils auraient au moins 3 ou 4 enfants, ils ont acheté une maison unifamiliale de 4 chambres à coucher. Elle me disait: “C’est un peu tragi-comique quand on y pense. Nous voilà qui pensons ‘Voici une maison assez grande pour 3 ou 4 enfants’ alors que dans un autre pays, une mère comme moi penserait ‘Voici une maison assez grande pour 3 ou 4 familles!'” Et les familles seraient sans doute plus nombreuses! Une étude de l’évolution de la maison familiale peut se faire facilement dans n’importe quelle ville canadienne d’un certain âge en partant du centre-ville et en se dispersant vers l’extérieur.

Les maisons d’aujourd’hui sont conçues pour des familles de 4 ou 5 personnes. Même dans notre maison trop grande, nous avons du repenser certains espaces afin de les rendre plus pratiques pour une famille nombreuse. Voici quelques observations sans ordre particulier.

1. Ne vous limitez pas à ce qui devrait y avoir dans une maison unifamiliale. Oui la plupart des gens ont une salle familiale et un salon, cependant, la plupart des gens n’ont pas 5, 6, 7, 8 enfants. Nous avions une maison avec un espace pour manger dans la cuisine (eat-in), une salle-à-manger (dining room), une salle familiale et un salon. Autrement dit, deux aires pour manger et deux aires pour se reposer. Nous avons fait faire un mur entre la salle à manger et le salon qui sont devenus un bureau et une salle de musique. Nous avions désormais une aire de repos, une aire pour manger, une aire de travail et une aire de pratique de musique.

2. Les espaces à aire ouverte n’ont pas été conçus par des parents de famille nombreuse. Ces espaces sont bruyants, créent de l’écho et empêchent les activités concurrentes (telles que les devoirs de l’un et la pratique de piano de l’autre.) Tentez de les éviter ou de les cloisonner (voir point précédent).

3. Pensez fonction. Lorsque nous avons aménagé dans notre maison actuelle, deux des chambres d’enfants avaient un énorme placard (walk-in closet). Nous avons transformé le walk-in de la chambre des garçons en une petite salle-de-bain (toilette, lavabo, douche) et une petite salle de lavage. Croyez-moi, j’apprécie beaucoup plus ma salle de lavage à l’étage que mes garçons déplorent l’absence d’un placard!

4. Méfiez-vous de vous même. Souvent nos maisons deviennent trop petites pour cause d’excès de fouillis, pas d’excès de personnes. Je connais plusieurs personnes qui font des miracles sur très peu d’espace avec beaucoup de monde. Ces personnes sont sans exceptions des “jetteurs” compulsifs et des acquéreurs sélectifs. C’est-à-dire qu’ils n’achètent rien qui n’a pas besoin d’être acheté et ne gardent rien qui a perdu sa fonction ou son utilité. Pour une bonne dose de motivation sur le coût du fouillis — personnel et financier — je recommande chaudement Is There a Life After Housework? de Don Aslett (en anglais).

Un peu en désordre mais vous voyez l'idée
La plupart des villes canadiennes ont au moins un quartier construit vers 1960-70 avec ce type de bungalow. Ces maisons de 3 chambres à coucher avec un sous-sol pratiquement inhabitable (voyez la taille des fenêtres contre la fondation) étaient conçues pour une famille.
Dans les banlieues, une maison considérée adéquate pour une famille -- 2 parents et 2 enfants -- doit maintenant avoir 2 étages, 4 chambres à coucher et un sous-sol fini. Assez grand pour 3 enfants ou 3 familles?
Voici une maison en construction près de chez moi. Si vous avez du mal à imaginer sa taille, regardez le petit truc dans le coin en bas à gauche de la maison. C'est le garage triple.

Le cadeau de la santé


Journée de maladie

For my English readers: this is a blog post on the gift of health. If you have it, work to keep it!

Cet hiver a été la saison de tous les virus. Ma famille, généralement pétante de santé, a été malade, malade, puis encore plus malade. Les jumeaux combattent un virus respiratoire depuis la veille de Noël — un virus qui est en fait une succession de virus. J’ai eu une amygdalite, suivie d’une gastro, suivie d’une amygdalite. Les enfants ont attrapé, tour à tour, une variation de gastro, d’amygdalite et de virus respiratoire. Bref, c’est une véritable symphonie de maladie, fréquente chez certaines familles entre octobre et avril mais tout à fait inhabituelle chez nous (en fait, en allant chercher des antibiotiques à la pharmacie j’ai réalisé que certains de mes enfants étaient encore enregistrés sous leur ancienne ancienne adresse!)

Puisque j’ai un intérêt particulier pour toutes les questions alimentaires et nutritionnelles, il m’arrive souvent de réfléchir aux maladies qui nous affligent en nombre grandissant: obésité, diabète, dépression; ainsi qu’aux “nouvelles” maladies (qui ne sont peut-être pas si nouvelles) telles que la fatigue chronique, la douleur chronique, l’absence de résilience. J’ai un hobby d’espionnage des paniers d’épicerie et je me pose beaucoup de questions lorsque je vois une dame obèse avec son enfant obèse pousser un panier rempli de 18 caisses de Coca-Cola en solde. Est-ce qu’elle sait? Est-ce qu’elle s’en fiche? Ou est-ce qu’elle le sait, ne s’en fiche pas mais ne sait pas quoi faire d’autre?

Il n’en demeure pas moins que malgré mon intérêt pour les questions de santé, je n’ai jamais vécu la maladie. Hier soir, j’étais couchée après avoir pris une poignée d’Advil (avoir su que je dormirais aussi peu avec les jumeaux j’aurais acheté des parts chez Advil), pleine de courbatures à cause la fièvre, complètement épuisée de n’avoir presque pas dormi pour presque 5 mois, complètement vidée de n’avoir rien mangé depuis deux jours, et je me demandais “Est-ce que c’est ce que vivent les gens atteint de douleur chronique? Tous les jours? Sans arrêt?”. Puis ce matin mon fils essayais de prendre une photo de Ève avec une caméra digitale et j’essayais de dire à Ève: “Regarde la petite lumière rouge!” sauf que je n’arrivais pas à trouver le nom de la couleur. Rouge! Je rassemble mes pensées, et je dis:

“Ève, regarde la petite lumière….”

la couleur ne me vient toujours pas.

“…la petite lumière… jaune!”

Mon fils éclate de rire et moi je ris un peu jaune.

“Ève, regarde la petite lumière… Jaune!!”

Là je commence à ne pas trouver ça drôle. Je me concentre. “Ève, regarde la petite lumière…” je vois le mot “rouge” dans ma tête.

“Regarde la petite lumière… verte!”

Non mais c’est pas possible! Puis je me suis demandé: “Est-ce que c’est ce que vivent les gens atteints de fatigue chronique?” Avoir le cerveau en fouillis, incapable de se concentrer, probablement incapable de travailler.

Pour moi, cet hiver de tous les virus viendra à sa fin. Pour tant d’autres, le cadeau de la santé leur échappe et leur échappera peut-être pour toujours. Si vous avez la santé, si vos enfants sont en santé, donnez-vous une bonne tape dans le dos et ne la laissez pas s’échapper. Vous avez peut-être des bons gènes ou elle est venue à un prix. Mais le prix à payer ne sera jamais aussi élevé que le coût de la perdre. Santé!

Les étoiles mauves


Quand je dis à mes plus jeunes que je les aime, j’essaie toujours de le faire de manière à ce qu’ils comprennent que je les aime beaucoup. Leur dire que je les aime gros comme toute la terre, c’est bien beau mais bien abstrait pour un petit pour qui le monde se limite à la maison et au jardin. Parfois je dis aux petits que je les aime gros comme une maison ou un camion de pompier. Puis en gradissant, la maison devient trop petite et je les aime gros comme une montagne. Puis on rigole, je les aime gros comme une montagne de camions de pompier et ainsi de suite.

Moyen bonhomme

Hier en couchant mon petit bonhomme — qui est en fait mon moyen bonhomme maintenant que j’ai un encore-plus-petit bonhomme — je lui ai dis que je l’aimais gros comme un camion de pompier mais c’était nettement insuffisant. Il a commencé à m’expliquer:

– Non, gros comme les étoiles mauves!

Les étoiles mauves?

– Oui, les étoiles mauves qui son très, très loin dans l’espace. Elles sont tellement loin que ça prend dix… euh, dix ANNÉES pour y arriver! Tu m’aimes gros comme une montagne aussi haute que les étoiles mauves!

C’est bien de se savoir aimé loin comme les étoiles mauves! Et il me le rend bien: la semaine dernière, il m’a annoncé que j’étais sa maman préférée. Compte tenu des options, j’étais touchée. Mais ce n’est pas tout. Il m’a aussi dis que j’étais aussi jolie que Taylor Swift. Alors là!

Taylor Swift
Moi.

“Comment vous faites?”


Il y a quelque jours, je suis tombée par hasard sur le blog d’une autre maman de 8 enfants (Little Catholic Bubble). Sa publication How to raise eight children without even trying m’a rappelé à quel point on me posait cette question souvent: “Comment faites-vous” et ses variations “Je ne sais pas comment vous faites…” et “Je survie à peine avec mes deux, je ne peux pas imaginer en avoir 8”.

C’est une erreur commune (une que j’ai fait moi-même lorsque j’avais mes deux plus vieux qui n’ont que 14 mois de différence): on projette la vie avec plusieurs enfants à partir de notre expérience vécue. Or, notre expérience vécue est limitée. À moins d’avoir une grossesse multiple de haut calibre, nos enfants naissent un par un puis grandissent, commencent l’école, deviennent plus autonomes et commencent à aider dans la maison. J’ai de très bons souvenirs de la petite enfance de mes 4 plus vieux. Cependant, je me souviens aussi d’avoir eu l’impression de sortir d’un long tunnel lorsqu’ils ont commencé l’école. Lorsque les mamans de très jeunes enfants me disent “Je ne peux pas imaginer en avoir d’autres!” je leur réponds toujours “moi non plus lorsque j’étais à ce stade.” On les a un à la fois, pendant que les autres grandissent. (Ce qui est assez ironique, maintenant que je viens d’en avoir deux d’un coup…). Je remarquais justement il y a quelques semaines que j’avais à nouveau 4 enfants de 5 ans et moins. Pourtant, je vis cette réalité de manière fort différente que lorsque mes quatre plus vieux avaient 5 ans et moins. Je suis plus mature comme mère et mes enfants sont plus vieux. J’ai des gardiens intégrés pour m’aider avec les petits. J’ai aussi beaucoup appris de mes erreurs!

La logistique d’une famille de 10 personnes est un numéro de jonglerie. Cependant, il semble que les gens soient fascinés par la lessive et l’épicerie.

La lessive d’une famille de 10 personnes est une tâche quotidienne qu’il est préférable de garder sous contrôle. Tout d’abord, j’ai un mari qui comprend l’importance de la lessive. Ça peut paraître ordinaire mais ça veut dire que la lessive est un travail d’équipe.  Notre arme secrète contre la lessive est la régularité (non, ce n’est pas un post sur la fonction intestinale). À 19:00 tapante, lorsque le prix de l’hydro-électricité baisse, allez hop! la première brassée démarre puis on la met au séchage avant de se coucher. Le lendemain matin, la lessive propre va dans un panier. Si j’ai le temps, je préfère la plier directement en la sortant de la sécheuse. Sinon, les vêtements sont propres et secs dans un panier et je les plierai (peut-être) plus tard. Faire la lessive quotidiennement ne veut pas dire que tout est lavé quotidiennement: un soir, c’est les jeans, le lendemain les couleurs, le lendemains les serviettes, le lendemain les blancs et ainsi de suite. Un système de roulement quotidien de la lessive me permet de ne pas me retrouver avec 10 brassées  la fin de semaine et, plus important encore, de ne pas me retrouver sans un seul morceau de linge propre dans la maison.

La brassée quotidienne n’est pas seulement une manière efficace de faire les choses au niveau logistique, c’est aussi un manière de préserver le bon fonctionnement de notre puis et de notre fosse septique qui n’ont pas besoin du stress d’un marathon de lavage la fin de semaine. Mais ce n’est pas la fin du bon sens économique: laver les vêtements régulièrement m’évite d’avoir à acheter une semaine complète de vêtements pour tout le monde. Puisque les vêtements préférés des enfants sont lavés aux 3-4 jours, ils n’ont pas tous besoin d’une garde-robe complète pouvant leur durer une semaine.

La lessive illustre bien la logistique générale d’une famille de 10: en faisant un peu de travail régulièrement, on évite d’avoir à faire tout le travail d’un coup.

L’épicerie, c’est tout à fait le contraire: le faire le moins souvent possible. Rentrer chez Superstore pour quelqu’un dans ma situation c’est un billet qui coûte au moins $150, autrement dit, je ne m’en sors jamais pour moins de $150 alors j’essaie d’y aller le moins souvent possible. Une fois par semaine je fais un menu — incluant les lunchs des enfants — et une liste d’épicerie. J’utilise également un tableau blanc dans la cuisine sur lequel je peux prendre note des choses à acheter lorsque j’y pense.

Côté logistique, je crois que le supermarché est un de ces domaines pour lequel avoir plus d’enfants rend les choses plus simples. Je suis toujours frappée, lorsque je vais à l’épicerie le soir après avoir couché les petits, de voir autant de gens accompagnés de très jeunes enfants souvent (choc!) en état de crise. Vous pouvez être certains que ce ne sont pas des mères de 8 enfants. En faits, les gens qui amènent de très jeunes enfants à l’épicerie à l’heure du dodo (vous pouvez substituer l’heure de la sieste ou l’heure du repas) ont sans aucun doute 1 ou 2 enfants et se demandent comment je fais pour en avoir 8. Voici un indice: je ne les amène pas faire des course lorsqu’ils sont fatigués ou lorsqu’ils ont faim!

Avec les jumeaux, il n'y a pas beaucoup de place pour la nourriture. Je dois donc y aller avec quelqu'un pour m'aider: un chariot pour les petits, un chariot pour la bouffe.

Ensuite je planifie ma sortie à l’épicerie de manière à pouvoir le faire sans très jeunes enfants. Si j’oublie certaines choses, j’essaie de me débrouiller sans. Je laisse le Costco aux bons soins de mon mari qui va le faire une fois par semaine pendant que les plus vieux son au jiu-jitsu.

Et voilà comment un peu d’organisation et de discipline fait toute la différence. Je ne suis pas une personne naturellement organisée mais à partir de 4 enfants, il s’agit d’une question de survie!

Câlins


Il y a quelques jours j’ai publié sur les difficultés que j’avais à faire dormir Lucas. Vous pouvez lire la publication (en anglais) ici. En somme, Lucas est un bébé adorable et souriant mais qui a du mal à s’endormir seul. Dans un moment de panique sans doute causé par un excès d’hormones (car je ne suis pas d’un naturel paniqué), je me suis vue passer les deux prochaines années à endormir Lucas en le berçant ou en l’allaitant à toutes les 30 minutes. Ce n’est pas tiré par les cheveux: je l’ai fait pour Colin, Marie et Sarah. Et pourtant, après 6 enfants, je devrais savoir que l’art de s’endormir c’est comme la propreté: ça ne se force pas, ça vient de l’enfant ou ça ne vient pas. Bien qu’il soit possible d’aider nos bébés à développer une bonne hygiène du sommeil en les encourageant à apprendre à s’endormir seuls, j’ai du mal à décider quoi faire avec Lucas. J’ai essayé de le mettre au lit somnolent mais réveillé, J’ai essayé de le mettre au lit endormi, mais Lucas se réveille aussitôt que je le dépose. J’ai dû me rendre à l’évidence: soit je l’endort sur moi ou dans la balançoire, soit je le laisse crier.

Il est parfois nécéssaire de laisser un bébé pleurer afin qu’il se rendorme seul. Certains parents (comme moi) éprouvent beaucoup de réticence à laisser un bébé pleurer et choisissent plutôt d’aider l’enfant à se rendormir en l’allaitant ou en le berçant ou en lui redonnant sa suce qu’il a laissé tomber. J’ai essayé la méthode du 5-10-15 avec Colin, Marie et Sarah avec plus ou moins de succès. Mais il semble que plus je vieilli — et plus je me rapproche de la fin des bébés — plus je veux apprécier mes bébés et non me battre avec eux. J’ai dû beaucoup porter Marie et Colin et je regrette de ne pas l’avoir fait avec plus de coeur: en rétrospective, ils ne sont pas restés bébés bien longtemps. Oui leur petite enfance était intense. Mais il me semble, aprés réflection, que j’aurais pu la rendre moins intense en ayant une meilleure attitude. Ça n’aurait rien changé aux besoins de mes bébés mais j’en aurais sans doute de meilleurs souvenirs.

C’est ainsi que j’étais indécise, paralysée par la fatigue, prise entre mon besoin de sommeil et mon appréhension à laisser Lucas pleurer. Puis est arrivée une journée de fous. Un samedi où j’étais seule avec une montagne de travail et 8 enfants. Ève dormait et Lucas, bien, Lucas ne dormait pas. Il était complètement épuisé, incapable de s’endormir au sein ou dans l’écharpe. Au bout du rouleau, j’ai dis à Lucas: “Bien si tu vas pleurer mon bonhomme, aussi bien de pleurer dans ton lit!” et je l’ai mis au lit pendant que je faisais quelques tâches. Au bout de 15 minutes, incapable de le laisser pleurer plus longtemps, je suis allée le rechercher. C’est alors qu’il a poussé un long soupir, a fermé les yeux et s’en endormi dans mes bras en finissant de sangloter. Ensuite, je suis tombée sur cette illustration au dos du dernier Youpi! des enfants. C’en était trop.

Lucas, c’est mon nounours. Je ne peux pas le laisser pleurer quand il a seulement besoin d’être tenu bien au chaud. Lucas n’a pas besoin de se faire une maman de neige quand il se sent seul. C’est vrai que le sommeil est une composante importante de la santé en général et qu’une mauvaise hygiène du sommeil entraîne des problèmes de toute sorte chez le bébé et l’enfant. Là où je décroche, c’est à l’idée que l’apprentissage du sommeil passe par l’apprentissage de l’autonomie. Car le besoin d’affection et d’attachement est au moins aussi important à la survie du petit humain que le besoin de repos.

Lorsque je vais repenser aux premiers mois de Lucas, je veux me souvenir des câlins, pas des cris.

Télé-réalité


On me dit souvent que je devrais avoir une émission de télé-réalité à la “Kate + 8” ce à quoi je réponds vous savez ce serait beaucoup moins intéressant que vous le pensez: je passerais la moitié de l’émission à conduire, l’autre moitié dans la cuisine. Pas de “Famille Nombreuse visite Disney” pour nous. C’est plutôt “Famille Nombreuse visite Costco” et avec un peu de chance, c’est sans les enfants.

J’ai croisé une amie qui attend son huitième enfant ce weekend. Elle m’a demandé c’était comment avec 8. “Pas vraiment différent qu’avec 7 j’imagine… ” Quoique je n’ai eu 7 enfants que pendant 5 minutes entre 21:07 et 21:12 le 18 septembre. “Tu cours sans arrêt comme une poule sans tête, tu pètes ta coche de temps à autre. Et dans 6 semaines tu feras la même chose mais avec le bébé dans les bras.” Mes amis peuvent toujours compter sur moi pour les encourager.

Mais comment ça se passe vraiment? S’il y avait une équipe de tournage chez moi, que verrait-elle? Commençons par le commencement. Ma journée commence vers 05:30. Je dois commencer quelque part mais avec des jumeaux, il est difficile de décider quand commence la journée puisqu’il n’y pas de nuit. Vers 05:30, je suis parfois réveillée depuis 2 ou 3 heures mais cette fois-ci, c’est pour de bon.

05:00 – Les bébés se réveillent entre 05:00 et 05:30. Je les change, les nourris au sein puis je les termine au biberon. Souvent, leur pleurs réveillent Sarah qui se met à hurler “Papaaaaa!!” de plus en plus fort pour qu’on vienne la chercher dans sa chambre. Vers 06:00 , les bébés retournent au lit et Sarah, maman et papa se lèvent pour la journée. J’habille Sarah et je descends sortir le chien et chercher le journal.

06:00 – 07:00 – Dans la cuisine. Je déjeûne et je fais le lunch de David. Etc. Etc. J’aide à gauche et à droite.  J’empêche Sarah de se faire un grilled-cheese et de vider le garde-manger. David se lève et fait une crise de nerfs. Sarah fait un dégât ou deux. Ou trois.

Entre 07:00-08:00 on fini de s’habiller et de se brosser les dents et je dois nourrir les bébés. J’ai commencé à leur donner une bouteille le matin parceque je peux les nourrir en tandem (au sein, je dois les nourir tour à tour du côté droit car c’est le seul qui produit du lait.) Sarah en profite pour vider quelques tiroirs et David fait une crise de nerfs. Éloïse et Marie se lèvent, s’habillent, déjeûnent, font leur lunch et préparent leurs choses d’école. Je finis de nourir les bébés et avec un peu de chance je peux prendre une douche et ranger la cuisine. Vers 08:30 je sors le chien et j’attends l’autobus avec les enfants. Lorsque les enfants partent, je vais conduire Sarah chez Mélanie, gardienne extraordinaire.

09:00 – Je rentre à la maison pour… nourrir les bébés! Je mets un épisode de la première saison de The Wire en allaitant et je cultive mon vocabulaire de drugs & gangs. À partir de 09:00-10:00, les bébés sont réveillés pour la journée, c’est-à-dire qu’ils ne dormiront plus en même temps à moins que je sois très chanceuse. Je les change, je leur donne leur biberon. Ensuite, je fais quelques sourires à Ève et je lui dis qu’elle est mignonne. Au bout de 5 minutes, Ève baille. Je l’enmaillote et je la couche. Elle s’endort. Lucas, lui, préfère jaser plus longtemps. Il se fatigue et refuse de dormir. Il pleure. Je le promène dans le sling et faisant du ménage léger. J’essaie de coucher Lucas. Il dort seul pour 15 minutes. Il chiâle, a des gaz. Il se rendort poour 15 minutes. Etc. Jusqu’au prochain boire.

12:00 – Prochain boire. J’allaite les bébés et je donne le biberon à celui ou celle qui en a besoin. La routine de boire prend environ 1 heure. Je zigonne sur mon iPhone pendant que les bébés boivent. Je vous dit, ça n’attire pas les grosse cotes d’écoute ici!

13:00 – Ève se rendort. Pas Lucas. S’il est de bonne humeur, je peux préparer le souper. Sinon, j’écris quelque chose sur le blogue (comme cette publication, composée entièrement dans la fonction “notes” de mon iPhone avec Lucas dans les bras). Je regarde autour de moi et je remarque que la place ne souffrirait pas d’un bon coup d’aspirateur. Je met Lucas dans le sling. Lucas ne veut pas être dans le sling et régurgite la moitié de sa formule dans mon t-shirt.Bah, il fallait que je prenne une douche de toute façon…

14:00 – Je commence à avoir faim. Je réalise que je n’ai pas lunché. Je me fait une tartine de Nutella ou deux. Ou trois. Et un café. Un rapide calcul mental m’informe que j’ai pris trois cafés et zéro verres d’eau aujourd’hui. Mon prochain café sera un cappucino avec du lait 1% (le 1% c’est presque comme de l’eau ça, non?)

14:55 – Lundi et vendredi, mes grands reviennent de l’école en autobus. Je peux leur passer un bébé et faire quelque chose d’utile jusqu’au prochain boire. Comme prendre un autre café.

15:00 – Prochain boire. Celui-là sera bref parceque je dois partir à 15:30 pour chercher Sarah et/ou conduire/chercher les autres enfants à l’école/la gymnastique/l’harmonie.

16:30 – Je reviens à la maison avec 6 à 8 enfants selon la journée. Je mets le souper en marche.

17:00 – Les jumeaux entament leur festival du bébé malheureux pendant que j’essaie de nourir le reste de la famille. Les enfants se disputent l’ordinateur et commencent leurs devoirs. Je demande à un enfant de surveiller Sarah mais tout le monde est trop occupé à faire ses devoirs. Je demande aux enfants de venir mettre le couvert et tout le monde se porte volontaire pour surveiller Sarah. David termine son lunch d’école pendant que Sarah raid les boîtes à lunch de ses soeurs.

17:30 – Le souper est servi. David et Sarah n’ont plus faim. Les jumeaux ont faim et passent à table.

17:30-19:00 – La période du souper, bains, coucher ne peut être adéquatement décrite par mon talent limité. C’est bruyant, enfumé, parfois nauséabond. Certains crient, d’autres se bousculent. Éloïse déchiffre Someone Like You  par oreille au piano. C’est comme ce que j’ai vu du marché de Kabul. Pendant le souper Paul essaie d’expliquer la crise de l’Euro aux plus vieux pendant que David s’énerve. Sarah, tranquille,  trempe des kleenex dans sa purée. Bref, éventuellement tout le monde est propre avec les dents brossées et les deux plus jeunes se couchent.

20:00 – Je baigne, change et allaite les jumeaux avant de les coucher pour la “nuit.”Jusqu’à 22:00, les plus vieux vont et viennent. Vers 22:00 quand je suis finalement prête à me coucher, Clara se pointe dans ma chambre pour me demander de lui expliquer la privatisation d’Internet et ses implications.

0:00 – 1:15 – J’allaite les bébés

02:05 – Lucas ne se rendort pas. Je lui donne une bouteille.

04:00 – J’allaite Ève

05:00 – J’allaite Lucas

06:00 – Biberon. Finalement, les bébés dorment! Je me lève…